• "Patatras", où quand tu peux éviter une chute

    Généralement quand on tombe ça fait mal. Mais ça peut aussi faire du bien.

    "Ah bon?" me diriez-vous.

    C'est le genre d'opposition manichéenne dont je n'apprécie pas trop l'utilisation. Ce que nous propose la Vie est tellement plus subtil qu'un choix entre une glace à la vanille ou une au chocolat.

    Vous savez sûrement, parce qu'on vous l'a bassiné durant toute votre (relative) jeunesse, que "tout ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort," "il n'est point de triomphe sans victoire, point de victoire sans obstacles," ou encore "toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose."

    Moi, je me demande à quoi pensent tous ces parents, éducateurs, amis, écrivains, politiciens ou artistes quand ils s'expriment sur les obstacles qu'un être humain doit affronter. Font-ils l'apologie des difficultés? Assimilent-ils le courage à la capacité à mener des batailles? Croient-ils que l'on apprend seulement par la douleur?

    Je dois sûrement mal comprendre.

    Je ne sais pas pour vous, mais quand j'entends ce genre de proverbes venus "d'illustres personnalités", je me dis qu'on doit pas vivre dans le même univers. Je pense que "ce qui ne nous rends pas nous rends plus forts" est véridique que si l'obstacle a été effectivement surmonté. Or, combien de fois sortons-nous vraiment vainqueurs d'une bataille avec nous-même?

    On a tous des expériences douloureuses qui nous façonnent. Souvent même, on se la ramasse tellement qu'on est détruits en petits morceaux. On a du mal, tellement de mal à émerger, à sortir du puits sans fond où on a trébuché.

    Il ne faut pas croire que le courage est d'aller à l'avant des obstacles. Comme le dit Gilles Legardinier: "n'aie pas honte d'éviter un obstacle qui te détruirait." C'est cette phrase qu'on devrait nous répéter tous les jours.

    Privilégier la sagesse au courage apparent qui est de tester sa capacité à tomber. Sortir de la sphère infernal du "cap ou pas cap."

    On peut se demander alors, comment savoir si un obstacle nous détruirait ou nous renforcerait. Peut-être éviter un obstacle nous ferait passer à côté d'une occasion de grandir. En réalité, cette question n'a pas lieu d'être.

    On oublie souvent la conséquence d'une chute : avoir des cicatrices. Même si elles nous décrivent en tant que personnes, ces stigmates nous touchent et ne se referment jamais complétement. Se balader avec des bandages sur tout le corps pour aller à l'aventure de la vie me semble dangereux et irréfléchi.

    Gardons nos forces pour affronter ce que la Vie nous enverra sans même nous demander notre avis. Ne vous inquiétez pas les difficultés qui s'engouffrent chez vous sans frapper ne manqueront pas. Évitons juste celles qui toquent doucement à notre porte, celles à qui nous ne sommes pas obligés de d'ouvrir, celles que nous pouvons éviter sans les affronter.

    Si on définit dans ce contexte le courage comme la volonté d'aller au devant d'une situation compliquée et difficile, Alexis Carrel peut conclure clairement: "le courage expose à d'inutiles dangers ; mieux vaut être lâche que mort."


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